L’organisation vue comme système de communication.
Approche de Palo Alto et analyse systémique, quelle différence ?
Bien que datant de l’après seconde guerre mondiale, les travaux de Gregory Bateson et de l’école de Palo Alto sont encore peu connus dans le monde des interventions en organisation.
Des auteurs ont introduit la démarche systémique, pour alimenter la réflexion sur le fonctionnement des entreprises. Dans ces approches, l’accent est mis sur la capacité de l’intervenant à utiliser l’analyse systémique pour repérer les sous-ensembles pertinents et découvrir comment a lieu leur articulation. Lorsque le sous-ensemble des relations est décrit, certains précisent : « Nous nous inspirons donc de l’école de Palo Alto. […] Au niveau des sous-systèmes des structures, du marché, des buts et du pouvoir, nous nous inspirons à titre principal de la théorie de H. Mintzberg. » (Nizet et Huybrechts, 1998, p 10-11).
De mon point de vue, cette lecture part d’une compréhension restrictive de la portée du modèle de l’approche interactionnelle de l’école de Palo Alto. En effet, grâce à celle-ci il est possible par le repérage des jeux relationnels de comprendre le fonctionnement de certains comportements qui posent un problème au sein d’une organisation. Une organisation est abordée, comme un système de communication.
Ainsi l’organisation de travail rassemble un ensemble de personnes en interaction entre elles et avec des éléments qui ne sont ni des individus ni des groupes, mais des produits (humains) : des machines, système de production, règlements, structures organisationnelles, statuts, etc. « Comme dans tout système, l’information qui circule en son sein permet à un observateur d’en tirer du sens et donc, finalement, de “l’expliquer”. Cette information émerge à travers les interactions » (Duterme, 2002, p 71).
Procéder d’un état des lieux comme nous le faisons au travers d’un diagnostic interactionnel, c’est y observer les interactions entre individus, mais aussi des éléments organisationnels ou de production comme un règlement, un système d’information, une organisation spatiale, des relations entre personnes de statuts différents, tous ces éléments matériels ou immatériels qui « fournissent des indicateurs de contexte à l’employé, à l’ouvrier, au manageur, au dirigeant, au client, etc., et les aident en quelque sorte à se repérer socialement » (de Saint Georges, 1990, p 97).
C’est de l’interaction avec ces éléments de contexte que naît le sens que chacun lui attribuera individuellement ou collectivement. En ce sens, l’approche interactionnelle de Palo Alto se distingue des autres approches systèmes : le modèle « ne s’attache pas à décrire les relations au sens classique du terme, mais bien à étudier les interactions à l’œuvre dans tout le système » (Duterme, 2002, p 70). Elles constituent la trame de base de compréhension du fonctionnement du système à laquelle toute communication, tout comportement doit être ramené.
Olivier Millet
Nizet J., Huybrechts C., (1998), Interventions systémiques dans les organisations. Intégration des apports de Mintzberg et de Palo Alto, Bruxelles, De Boeck Université.
Duterme C., (2002), La communication interne en entreprise. L’approche de Palo Alto et l’analyse des organisations, Bruxelles, De Boeck Université.
De Saint-Georges P., (1990), «Stratégies culturelles d’entreprise: une approche par la communication », Culture d’entreprise. Vous avez dit cultures ? Dossier n° 12 de l’Institut des sciences du travail, Louvain-la-Neuve, UCL, 89-97.
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