La solution, c’est le problème

Principe de Palo Alto : la solution, c'est le problème

Une orientation fondamentale de l’approche de Palo Alto

Bizarre, vous avez dit bizarre ?…Complètement paradoxal ce titre me direz-vous. C’est vrai que cela peut paraître déconcertant : alors qu’on cherche à résoudre un problème, l’approche systémique nous dit justement qu’on est en train de le créer.

L’apport de cette approche paradoxale consiste à changer complètement de regard sur la situation afin de modifier sa stratégie de résolution de problèmes du tout au tout. Et ainsi, de réussir à faire évoluer même l’inchangeable…

Pour les personnes qui ne se sont pas encore formée à l’approche, cela peut paraître totalement étrange. Pourtant, en y regardant de plus près, cela ne l’est pas tant que ça. Je vous explique pourquoi.

De l’art de transformer une difficulté en problème

Cette petite phrase synthétique, « la solution, c’est le problème », nous vient de Paul Watzlawick (1921 – 2007). Psychologue, psychothérapeute et sociologue, il entre au Mental Research Institute de Palo Alto en 1961. Il y côtoie notamment Virgina Satir (thérapies familiales), Don Jackson, Jay Haley et Gregory Bateson (fondateur de l’approche). Puis, il y fait sa place. Il est ainsi devenu une des figures qui ont forgé et fait connaître l’approche systémique basée sur les théories de la communication, des systèmes et la cybernétique.

Cette courte phrase vient donc de lui et résume un principe fondateur de l’approche. Que nous enseigne-t-elle ?

« La solution, c’est le problème » : lorsqu’une personne rencontre une difficulté relationnelle dont elle ne parvient pas à se sortir, elle va essayer de le résoudre de différentes façons. Il y a alors 2 issues possibles :

  • Ce que la personne vient de faire fonctionne. Super ! Le problème est résolu.
  • Ce que la personne a mis en place ne fonctionne pas et naturellement celle-ci va essayer autre chose, puis une autre et encore une autre. A chaque fois, elle aura toujours le même état d’esprit et le même regard sur la situation. Elle obtiendra alors à chaque fois des résultats identiques et ne résoudra pas son problème. C’est ainsi que la citation de Watzlawick prend tout son sens.

En effet, l’approche paradoxale de Palo Alto nous enseigne que les tentatives de solution mises en place par la personne qui rencontre une difficulté relationnelle qui perdure, créent un problème au lieu d’amener un véritable changement. Pourquoi ?

Parce qu’en réalité, lorsque cette personne se sent engluée dans un problème relationnel, elle met en place des tentatives de solutions (ou de régulation) qui font malheureusement à son insu toutes parties de la même famille. Pourquoi ? Parce qu’elles sont une variante d’un « plus de la même chose » qui ne fonctionne pas, surtout si ces tentatives, aux yeux de la personne, lui semblent logiques et de bon sens commun.

Toujours plus de la même chose renforce le problème

Or en approche systémique, nous disons « toujours plus de la même chose donne toujours plus du même résultat ». Je vous invite à lire mon article sur le sujet si vous voulez des précisions ou vous rafraîchir la mémoire. . Cela veut dire qu’essayer des choses similaires ne permettra pas de changer le résultat.

Les tentatives de solutions sont bien souvent les différentes facettes d’une même action qui ne fonctionne pas. Donc en utilisant plus de ces mêmes actions, on renforce involontairement le même blocage.

L’approche systémique s’appuie sur une pratique toute différente :

  • Rechercher ce qui est opposé aux tentatives de solutions déjà testées et qui ne fonctionnent pas ;
  • Mettre en pratique cette approche inhabituelle et découvrir les marges de manœuvre qu’elle révèle.

Avec sa phrase « La solution, c’est le problème », Paul Watzlawick à l’art de la formule. Cela nous permet de garder en tête ce point de repère, de s’interroger sur l’efficacité de nos tentatives et de mettre en place un travail différent si nous le souhaitons. Une approche d’apparence illogique devient ici une première étape d’une voie inhabituelle de résolution de conflits et de difficultés relationnelles récurrentes.

A bientôt pour d’autres contenus sur l’approche systémique.