De l’intérêt de la position basse…

La position basse est une manière d’être en relation, avec son entourage professionnel ou dans la vie de tous les jours, dans laquelle celui qui l’occupe ne cherche pas l’ascendant sur son ou ses interlocuteurs. 

J’exprime que je porte certainement une part de responsabilité dans la situation et je m’intéresse  au point de vue de ceux qui me posent problème…

Dans une situation relationnelle qui se tend, les protagonistes peuvent rapidement tenter d’expliquer que si la relation devient difficile la responsabilité en incombe aux autres. Chacun cherche alors à avoir autorité ou raison sur autrui ce qui crispe davantage la relation.

Dans un tel contexte, d’escalade relationnelle, une position interactionnelle basse peut être de nature à rééquilibrer la situation ou la faire progresser vers une solution. Cette attitude relationnelle se traduit par un ton et un mode expression calme, mais aussi par de la curiosité en adressant des questions, aux interlocuteurs qui vous posent un problème, pour mieux comprendre leur point de vue.

Être dans une position basse consiste à savoir adopter une position humble en cas de conflit. C’est concevoir qu’une part de la difficulté vous incombe et oser le dire, même dans un moment  où vous avez le sentiment d’être à la merci de vos interlocuteurs.

L’intérêt de ce passage vers une position basse réside dans la production d’un effet immédiat pour créer une inflexion, un changement de rythme dans une situation bloquée. En s’autorisant à dire : « au temps pour moi », ou bien en cherchant à comprendre le point de vue de l’autre, vous engagez l’interaction dans une désescalade.

Et je tiens ma position pour responsabiliser mes interlocuteurs.

Pour être efficace la position relationnelle basse doit être tenue. Elle doit être sincèrement incarnée pour être crédible. En aucun cas, il ne peut s’agir d’une tactique relationnelle pour reprendre l’ascendant sur vos interlocuteurs. Vous exprimer à partir d’une position basse revient à produire un changement de rythme dans le mouvement de la “danse relationnelle” en cours, comme un loup se couche, face à son adversaire tout en lui offrant sa gorge pour qu’il l’épargne. De la même manière, les questions posées à son interlocuteur visent à comprendre son point de vue. C’est dire qu’est-ce qui fait qu’il pense fort logiquement qu’il a raison et que vous avez tort !

La position basse n’est donc pas une position de soumission mais une position de contrôle stratégique de la relation.

En produisant une inflexion dans l’escalade relationnelle, si vous osez aller vers une position basse, vous faites une intervention forte pour engager le conflit dans une voie de solution. En renonçant, à avoir raison, en faisant le premier pas, en vous intéressant sincèrement à la logique de celui qui vous pose problème, dans la plupart des cas, cela vous mène à réussir une première intervention constructive susceptible de commencer à assouplir la situation.   En remettant votre sort entre les mains de vos opposants, vous invitez ceux-ci à adopter à leur tour une position responsable.

Olivier Millet