Un système qui résiste au changement est en bonne santé

Article "Un système qui résiste au changement est en bonne santé" par olivier Millet - approche systémique de Palot Alto

Et si la résistance était un signe de vitalité ?

Dans le monde de l’entreprise, la résistance au changement est souvent perçue comme un frein, un obstacle, voire un dysfonctionnement à corriger. Pourtant, en tant que systémicien, je vous propose un renversement de perspective : et si cette résistance était en réalité un indicateur de bonne santé du système ?

Comme un corps qui réagit à une agression extérieure, une organisation qui oppose une résistance n’est pas amorphe : elle est vivante, cohérente, et cherche à préserver son équilibre. Comprendre cette dynamique, c’est ouvrir la voie à des transformations plus profondes, plus respectueuses, et surtout plus durables.

La résistance, un mécanisme d’autorégulation

Homéostasie organisationnelle ou la recherche perpétuelle du maintien de l’équilibre

En systémique, un système cherche à maintenir son équilibre interne : c’est le principe d’homéostasie. Lorsqu’un changement survient — nouvelle stratégie, fusion, transformation agile — le système active ses mécanismes de régulation pour préserver ce qu’il perçoit comme vital.

Par exemple, une entreprise implémente un nouvel outil de gestion de projet. Les équipes continuent d’utiliser leurs anciens tableaux Excel. Ce n’est pas de la mauvaise volonté : c’est une tentative de préserver des repères, des routines qui ont fait leurs preuves.

La résistance comme signal

La résistance n’est pas un mur, c’est un message.

Elle nous dit : « Attention, ce que vous proposez entre en conflit avec nos logiques internes, nos valeurs implicites, nos équilibres tacites. ». Ici l’idée est d’entendre ce message et les peurs sous-jacentes pour travailler avec.

Lire la résistance comme un langage

Une parole indirecte…

Dans les systèmes humains, tout comportement a une fonction. La résistance est une forme de communication indirecte. Elle exprime souvent des peurs, des besoins non entendus, ou des incohérences perçues dans le discours managérial.

Par exemple, lors d’un projet de transformation agile, les middle managers freinent l’adoption des rituels Scrum. En creusant, on découvre qu’ils craignent de perdre leur légitimité dans un modèle plus horizontal. Leur résistance est une demande de clarification de leur rôle futur.

Le rôle du manager systémique

Le manager ou coach systémique ne cherche pas à « casser » la résistance, mais à l’écouter, la décoder, l’intégrer. Il devient traducteur du langage du système. En cessant d’ouvrer contre, et en optant pour tester des solutions à 180°, il s’offre une chance de provoquer des changements durables. Je vous invite à revoir mon webinaire sur « Toujours plus de la même chose qui ne fonctionne pas transforme une difficulté en un problème » pour comprendre cette notion de 180°.

Résister, c’est exister

Une preuve d’identité

Un système qui résiste affirme son identité. Il dit : « Voilà qui je suis, voilà ce que je veux préserver. » Cette affirmation est précieuse : elle permet de coconstruire le changement à partir de ce qui fait sens pour les acteurs.

Par exemple, une équipe refuse de passer au télétravail à 100 %. Derrière cette résistance, on découvre un fort attachement à la convivialité du bureau, à l’informel. Le changement devient alors : « Comment préserver notre culture d’équipe tout en intégrant plus de flexibilité ? »

Je vous invite à voir ou revoir mon webinaire sur les comportements défensifs pour compléter.

Résister, c’est aussi tester la solidité du changement : Un changement qui ne rencontre aucune résistance est souvent superficiel. La résistance oblige les porteurs du changement à clarifier, ajuster, approfondir leur proposition. Elle est un stress test du projet.

Transformer AVEC le système, pas CONTRE lui

Changer en respectant les boucles de rétroaction

Un changement durable s’appuie sur les boucles de rétroaction du système. Il ne s’impose pas de l’extérieur, il émerge de l’intérieur, en s’appuyant sur les tensions, les paradoxes, les ressources déjà présentes.

Par exemple, une entreprise veut renforcer l’innovation. Plutôt que d’imposer un « lab d’innovation », elle identifie les poches d’expérimentation déjà existantes et les valorise. Le changement devient organique.

Coconstruire avec les résistances : Plutôt que de chercher à convaincre ou à vaincre, le leader systémique associe les résistances à la démarche de transformation. Il les transforme en alliées.

En conclusion, la résistance est une opportunité stratégique

Un système qui résiste n’est pas un système malade. C’est un système cohérent, vivant, intelligent. La résistance est une opportunité stratégique : celle de comprendre en profondeur les dynamiques internes, de construire des changements plus justes, plus ancrés, plus humains.

Managers, coachs, dirigeants : la prochaine fois que vous rencontrez une résistance, ne cherchez pas à la contourner. Écoutez-la. Elle vous parle de la santé de votre système et vous invite à faire preuve de créativité pour sortir des automatismes.

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Olivier